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"The Recognition Machine" de Antje Van Wichelen (avec Michael Murtaugh) acquis par le musée Rautenstrauch-Joest

Nous avons le plaisir de vous faire part de l’acquisition par le musée Rautenstrauch-Joest de Cologne de l’œuvre The Recognition Machine (TRM) [La machine de reconnaissancen], que l’artiste en résidence à Moussem Antje Van Wichelen a créée en collaboration avec Michael Murtaugh.

TRM adopte la forme d’un photomaton, mais avec une particularité : les spectateur·rices peuvent se faire photographier, toutefois à travers l’utilisation d’algorithmes de reconnaissance faciale et de modèles de classification, tous accessibles au public, leur image sera « harmonisée sur le plan émotionnel » avec un portrait que Van Wichelen a recréé à partir de photographies provenant de collections coloniales du XIXe siècle. Ces photographies de l’ère coloniale sont souvent « problématiques ». Elles représentent non seulement des personnes colonisées, dans la plupart des cas photographiées sans leur consentement, mais elles servent une perspective coloniale qui a utilisé la technologie de la photographie, alors nouvelle, comme moyen de sous-tendre des conceptions racistes d’une prétendue objectivité s’appuyant sur de la pseudoscience.

Les portraits résultants de la TRM sont imprimés sur un reçu, accompagné d’un code QR qui renvoie au portrait reconstitué sur le site web de TRM. Le visiteur ou la visiteuse y est invité·e à explorer la provenance des images et leur lien avec les systèmes historiques de classification. L’objectif est d’inviter les visiteur·ses à réfléchir aux préjugés culturels dominants inhérents à la photographie coloniale et à rechercher des parallèles avec les logiciels contemporains et leurs réseaux de diffusion. Après l’impression de la photo, l’image numérique est supprimée ; la photographie physique peut être accrochée aux murs du musée et où elle s’estompera lentement et finira par s’effacer.

Le projet est le prolongement détaillé et critique des recherches que les deux artistes ont menées pendant des années sur les archives photographiques de l’ère coloniale et les parallèles avec les systèmes de surveillance contemporains qui opèrent à partir de la « vision par ordinateur ».

The Recognition Machine sera exposée au musée Rautenstrauch-Joest à partir du 7 mars et nous vous encourageons vivement à la visiter si vous êtes à Cologne.

Des versions de TRM ont été présentées précédemment au Working Title Festival de Workspace Brussels (2018), au musée Rautenstrauch-Joest (2019), à la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo à Turin (2020), à la Biennale de Dakar (2022) et au Cinema Nova à Bruxelles (2023).

En juin 2023, Antje Van Wichelen (en sa qualité de membre du collectif Troubled Archives, qui se compose en outre de Rokia Bamba, Peggy Pierrot, Loes Jacobs et Brenda Bikoko), a présenté l’exposition NOUVEAUX·ELLES HÉRO·ÏNES aux Moussem Studios. L’exposition est le fruit d’une rencontre au studio du photographe Silvano Magnone, qui applique le procédé du collodion humide, où les membres du collectif ont expérimenté ladite technique en se photographiant les uns les autres. Ce processus a généré des conversations sur l’héroïsme contemporain et sur le rétablissement sociétal qui ont été approfondies lors de la présentation qui a suivi aux Moussem Studios, où des projecteurs 16 mm ont servi à reproduire les images réalisées au studio de Magnone ainsi que des images provenant de bases de données coloniales. Le tout était accompagné d’une œuvre sonore de Rokia Bamba.

Michael Murtaugh fait partie du collectif Institute for Computational Vandalism aux côtés de Nicolas Malevé et d’Ellef Prestsæter (https://vandal.ist/).

Photo: Paolo Formica